Tribune de Sacha Benhamou, Consultant chez CommStrat, publiée dans L’Opinion le 31 avril 2020.
La France perd du temps, de l’énergie et de la richesse à surveiller et normer toujours plus. Et si le retour à la confiance était gage de légèreté, d’agilité et d’efficacité ?
L’après déconfinement ne verra pas émerger un nouveau peuple français. Certains aimeraient qu’il rêve d’un monde plus bio mais dans la réalité, se forment déjà des kilomètres de queues pour la réouverture d’un McDonald’s. Certains rêvent de davantage de normes et d’une administration plus que jamais aux commandes. Dans la réalité, les Français ont démontré qu’ils pouvaient faire preuve, comme jamais, de plus de solidarité spontanée. Sans qu’on leur demande. Mais ils ont bien souvent été bloqués par des normes trop rigides.
Espérons que les réformes initiées (récemment) soulageront durablement la société de ses carcans bureaucratiques, à l’instar du projet de loi d’accélération et de simplification de l’action publique. Les collectivités, comme la société civile, plus agiles par nature que l’Etat centralisé, ne demandent qu’à assumer leur responsabilité dans la crise, et au-delà.
Les entreprises qui avaient le matériel de production nécessaire se sont portées immédiatement volontaires pour confectionner des masques en urgence. Pourtant, elles se sont tout aussi immédiatement confrontées aux longues procédures d’homologation, retardant fatalement la production. La Caisse autonome de retraite des médecins de France a proposé de réaliser des essais de traitements à base d’hydroxychloroquine sur des médecins volontaires et malades du Covid-19. L’initiative a été accueillie par une fin de non-recevoir de l’Agence nationale de la sécurité du médicament.
Carcans et défiance. Pourquoi cette passion française pour la centralisation et les lourdeurs administratives ? Pourquoi est-ce le modèle que nous choisissons depuis des années ? Et si c’était le manque de confiance dont nous témoignons à l’égard de notre prochain ? Cette société de la défiance, nous la voyons quand le 17 est submergé par les dénonciations de citoyens, prompts à juger du motif de sortie de leur voisin pourtant souvent muni d’une attestation. L’individu est la plus petite des minorités, et aussi la plus soupçonnée. Nous voyons cette défiance quand, sur les réseaux sociaux, la moindre initiative de la part d’une entreprise est accueillie avec du soupçon, voire de la haine. Nos carcans administratifs ne sont que la réponse des institutions à la défiance qui nous habite.
La confiance, mère de la prospérité. Faisons-nous confiance, collectivement. Cessons d’opposer le patron à l’ouvrier, l’actionnaire au travailleur, le secteur privé au secteur public… La liberté est faite d’institutions, mais c’est aussi une éducation à la responsabilité individuelle et à la confiance. Construisons la société de confiance à laquelle Alain Peyrefitte attribuait la prospérité de l’Occident. Profitons du reste de notre confinement pour nous féliciter des élans d’humanité révélés à la faveur de la crise et pour interroger notre propre défiance. « La seule révolution possible, c’est d’essayer de s’améliorer soi-même, en espérant que les autres fassent la même démarche. Le monde ira mieux alors. » disait Georges Brassens