Attentifs à l’avancée du Brexit, nous partageons avec vous le dernier briefing politique de notre partenaire britannique Lodestone Communications sur les débuts de la campagne pour les élections générales.
Voie sans issue
Lorsque vous demandez votre chemin dans certaines régions reculées du Royaume-Uni, il arrive parfois quelqu’un vous fasse cette réponse étrange : « Moi, je ne démarrerais pas d’ici ». Après une semaine de campagne pour l’élection générale de l’hiver prochain, c’est ce que les deux principaux partis semblent se dire !
Pour lancer les festivités, nous avons eu droit à une maladresse du Ministre pro-Brexit Jacob Rees-Mogg et de son collègue Andrew Bridgen, qui ont insulté la mémoire des victimes de l’incendie d’un immeuble (Grenfell). Ajoutons à cela la démission forcée du Secrétaire d’Etat du Pays de Galles à la suite de l’accusation de viol d’un de ses proches, et le fait que le Premier Ministre Boris Johnson semble ignorer les détails de son propre accord du Brexit face aux entreprises nord-irlandaises… Et bien, « vous ne démarreriez pas d’ici. »
Pendant ce temps-là, le Parti travailliste est occupé à se débarrasser de ses éléphants pour choisir, à leur place, une vague de nouveaux candidats inexpérimentés et trop imprudents sur les réseaux sociaux. Ce parti a aussi perdu son vice-président, qui a démissionné pour « passer plus de temps à la salle de sport » et moins de temps à se faire injurier sur internet, alors que deux anciens députés du parti (Ian Austin et John Woodcock) appellent les électeurs travaillistes à soutenir Boris Johnson. Encore une fois, « vous ne démarreriez pas d’ici ».
Ce que toutes ces considérations ont en commun est qu’elles confirment les préjugés du grand public : les électeurs pensent déjà que le Parti conservateur manque d’empathie, notamment envers les femmes, et que son chef a du mal avec les détails. Les scandales de cette semaine renforcent ces doutes. De la même manière, les électeurs pensent que le Parti travailliste n’est plus ce qu’il était, quand ils ne pensent pas que son chef est un maniaque associé à des cinglés, ou que ce mouvement n’a plus d’objectifs communs. Cette semaine n’aura rassuré personne sur aucun de ces aspects.
Jusqu’en 2017, une des règles de la politique moderne était que « la campagne n’a aucune importance ». On considérait que les électeurs avaient déjà pris leur décision avant même que le coup d’envoi de l’élection ne soit donné. En rattrapant l’avance de 20 points des Conservateurs, Corbyn a prouvé que ce n’était pas toujours le cas. Mais lui et son parti ont réussi ce tour de main en surprenant agréablement les électeurs : ils étaient plus compétents et unis (et moins bizarres) qu’on ne l’imaginait. Si la semaine prochaine et celle d’après ressemblent à celle que nous venons de vivre, alors il est difficile d’imaginer que ce tour réussira encore. Après tout, la couverture médiatique des réformes proposées par les travaillistes a été de plus en plus limitée.
Tout cela est une bonne nouvelle pour Jo Swinson et son « Remain Alliance » (anti-Brexit), qui a vu les Verts, le Parti gallois et les Libéraux-démocrates s’allier afin de présenter un candidat commun à 60 sièges pour augmenter leurs chances de victoire. Il est vrai que les Libéraux-démocrates (et, peut-être, le Parti du Brexit) ont tout à gagner du désordre des campagnes d’ouverture des deux plus gros partis. Mais certains partisans libéraux s’inquiètent du fait que l’équipe à la tête du parti soit trop inexpérimentée – et qu’elle fasse déjà trop d’erreurs – pour vraiment capitaliser là-dessus.
Ainsi, après une semaine, tout reste à faire. Mais une chose est claire. Aucun des partis principaux n’a encore trouvé son chemin vers la victoire. Au contraire, ils semblent tous un peu désorientés et à la recherche d’une voie à suivre.