Grand Débat National, le coup d’envoi :
Le Grand Débat National a été lancé mardi 15 janvier par le Président de la République dans un exercice de questions-réponses de sept heures avec 600 maires. Selon un sondage d’Odoxa de la semaine dernière, si 94% des Français ont entendu parler du débat, ils ne sont que 29% à penser qu’il sera mené de façon indépendante et 35% à s’attendre qu’il soit utile pour le pays. 29% des Français comptent y participer.
Le doute est légitime, rares sont les expériences du genre qui ont été des réussites. Le Financial Times s’amuse à rappeler depuis Londres qu’au printemps 1789, « Louis XVI avait ordonné à ses sujets de préparer des cahiers de doléances. Loin de désamorcer l’ire populaire, l’exercice n’avait fait qu’attiser l’humeur insurrectionnelle contre la couronne. » En France, les media se rappellent la triste expérience amorcée par Jean-Louis Borloo avec le concours sur la Commission Nationale du Débat Public (CNDP). Cette grande consultation portant sur les nanotechnologies est alors perçue par les ONG écologistes comme une « mascarade sponsorisée par les lobbys de la chimie », les débats sont systématiquement perturbés par des manifestants.
Ce genre d’évènement est toujours exposé au même dilemme : s’il est fermé il sera mieux maitrisé mais provoquera la défiance par son manque de transparence et d’accessibilité, s’il est ouvert l’accessibilité peut créer une fausse impression de transparence alors que les associations militantes sont toujours les plus mobilisées. Il est impossible alors d’en garantir la représentativité. C’est ce qui a pu être constaté avec les États Généraux de la Bioéthique l’an dernier : le manque de communication auprès du grand public a laissé les associations militantes monopoliser le débat, qui s’est alors retrouvé complètement polarisé.
Cette initiative ne semble pas avoir convaincu la presse européenne, qui a mis en cause sa probabilité de succès. La mesure, vue comme le dernier effort d’Emmanuel Macron pour mettre fin à la crise des gilets jaunes, est qualifiée de risquée par El País. Le scepticisme de médias comme Il Sole 24 Ore repose sur les limites imposées par le Président de la République. D’autres, comme Euractiv déplorent la démission de la présidente de la CNDP, Chantal Jouanno, comme organisateur du Grand débat. La prise en compte des conclusions par le Président est aussi mise en interrogation par le journal belge L’Écho. À peine commencé, le débat laisse donc sceptiques nos voisins européens.
Élections européennes, des listes et toujours des listes :
Le Rassemblement national (RN) a lancé officiellement, dimanche 13 janvier, sa campagne aux élections européennes. Après un discours axé sur les clivages nationaux, Marine Le Pen a présenté les douze premiers candidats de la liste, dont quatre qui ne sont pas issus du parti. Le lendemain Jordan Bardella, tête de liste, a affirmé sur BFM TV que la sortie de l’euro n’était plus une priorité pour le RN.
De son côté, le député Eric Ciotti a annoncé que le candidat tête de liste du parti Les Républicains sera désigné le 29 janvier, et qu’il soutiendrait à titre personnel la candidature de François-Xavier Bellamy (Le Figaro). Pour le parti présidentiel, Stéphane Séjourné qui a pris en charge la direction de la campagne, sera également candidat.
Cette semaine, l’Ifop a publié le premier sondage depuis début novembre dans lequel la République en Marche a dépassé à la formation de Marine Le Pen (23 % contre 21 %). François Kraus, directeur du pôle politique de l’Ifop, a attribué cette montée à l’effet des mesures annoncés par le Président de la République.
Brexit, et maintenant ?
Le soir du mardi 15 janvier le Parlement britannique rejetait à une large majorité – étonnante – l’accord de retrait de l’UE. Le lendemain, Theresa May gagnait la motion de défiance lancé par le parti travailliste, de peu. Le Premier Ministre a donc lancé un appel aux députés pour travailler ensemble sur une nouvelle proposition qui doit être présentée lundi prochain.
La réponse européenne ne s’est pas faite attendre. Le président du Conseil Européen a appelé le Royaume Uni à clarifier ses intentions à travers un tweet qui a été interprété par des médias tels Euractiv comme un appel à rester au sein de l’UE. De son côté, le président de la Commission Jean-Claude Juncker a affirmé dans un communiqué que « la Commission européenne poursuivra ses travaux d’urgence pour aider à garantir que l’UE soit pleinement préparée » face à un retrait désordonné du RU.
La France a déjà pris l’initiative. Le Premier Ministre Édouard Philippe, jugeant le scenario no-deal« de moins en moins improbable », a déclenché jeudi 18 janvier un plan national pour faire face à une sortie sans accord, qui permettrait 50 millions d’euros d’investissement à destination des ports et aéroports et près de 600 nouveaux emplois, de douaniers et de contrôleurs vétérinaires par exemple (Le Figaro). Ce plan signifie-t-il que la France et ses partenaires européens ont enterré toute idée d’un Deal?