TRIBUNE – « Parce que nous défendons la liberté et l’Etat de droit, nous voterons Macron au second tour »

Tribune publiée sur le site du JDD.fr et consignée par Guillaume Labbez, Président fondateur de CommStrat

« Le choix en politique n’est pas entre le bien et le mal mais entre le préférable et le détestable » écrivait Raymond Aron. Le préférable aujourd’hui, c’est un candidat qui ne veuille pas porter atteinte aux valeurs de notre pays. Le détestable, c’est le projet de Marine Le Pen, dont les valeurs sont aux antipodes de l’ADN de l’attachement à l’état de droit et aux libertés fondamentales que représente la famille de pensée libérale. Acteurs du débat public guidés par des convictions libérales, nous avons pu critiquer ce quinquennat : l’exercice du pouvoir, une centralisation excessive, un manque de collaboration avec les collectivités locales, une absence de réforme de l’Etat… nombreux sont les sujets qui méritent un inventaire.

Mais la démocratie n’est pas une affaire d’affinités, pas plus qu’une quête d’un homme providentiel et parfait. Ce qui importe dans une démocratie, ce n’est pas tant la gestion politicienne des affaires courantes que la sauvegarde des valeurs qui la sous-tendent et en assurent la pérennité. C’est par gros temps qu’on juge le capitaine. Que son caractère puisse déplaire n’a aucune importance s’il sait maintenir le cap en pleine tempête. 

Emmanuel Macron a prouvé qu’il avait ce tempérament. Bien sûr, il portera la responsabilité d’une dette publique sans précédent, mais la pandémie n’aura engendré ni effondrement des hôpitaux, ni chômage de masse. On lui reprochera certainement de n’avoir pas suffisamment réformé, d’avoir eu trop recours au « quoiqu’il en coûte », mais en attendant, le bateau France est resté à flot. Mieux encore, il a tiré dans son sillage une Europe qui semble plus forte et plus réactive que jamais. Ici encore, certains lui reprocheront d’être trop « européiste » ou « atlantiste », d’oublier la sécurité de la France au nom de l’Europe ou de l’Occident. Ceux-là ignorent que leurs sarcasmes sont en réalité des louanges pour qui aime la démocratie, admire l’universalisme, et révère Liberté, Egalité et Fraternité.

Car en se montrant ferme face à la Russie, en choisissant le camp de l’Ukraine dès la première minute, c’est-à-dire le camp de l’autonomie des peuples, de la liberté des individus à disposer d’eux-mêmes, le camp de ceux pour qui l’influence américaine et la violence russe ne se valent pas, Emmanuel Macron a fait honneur, c’est indéniable, aux valeurs des Lumières dont la France se veut l’héritière et le porte-étendard.

C’est par gros temps qu’on juge le Président. Qu’aurait fait, en pareilles circonstances, Marine Le Pen? Anti-européenne, elle n’aurait jamais pu favoriser l’émergence d’un plan de sauvetage de l’économie à l’échelle de l’Union. Et pour cause, après avoir voulu en sortir, elle n’a de cesse de la critiquer ou de faire voter les membres de son parti contre toutes les propositions du Parlement. Elle présidente, la France ne se serait pas endettée pendant la pandémie ; c’est vrai, elle n’aurait pas eu les moyens de le faire car elle n’a aucune crédibilité économique. Aujourd’hui les Français les plus modestes seraient au chômage ou à la rue, puisqu’elle se serait opposée aux politiques européennes de soutien. 

Et qu’aurait-elle fait face à l’invasion russe ? Bien sûr, elle la condamne aujourd’hui. Mais lorsque le Parlement européen votait un prêt exceptionnel à l’Ukraine, le Rassemblement National s’abstenait silencieusement. Campée sur sa position de non-alignés, arc-boutée sur son anti-américanisme, elle a fait de sa neutralité un blanc-seing pour tous les dictateurs du moment que ces derniers s’opposent à l’Otan, aux Etats-Unis ou au marché. 

Au nom de la souveraineté, elle aurait abandonné les Ukrainiens à leur terrible sort, comme elle aurait laissé la pauvreté se répandre en France. Pas par incompétence, mais en raison d’un aveuglement idéologique tel qu’elle n’aurait pu éviter les écueils de ces dernières années. Elle présidente, la France aurait coulé, et avec elle, la Liberté, l’Egalité et la Fraternité.

Voter pour pareille capitaine alors que la tempête fait rage nous semble trop risqué, trop irresponsable aussi. Nous ne vous demandons pas d’aimer Emmanuel Macron, mais de vous demander si vous n’accepteriez pas encore moins une Présidente sans gouvernail ni colonne vertébrale, qui laisserait la France s’effondrer. Sans aucune hésitation, nous appelons donc à voter Macron. »

Les signataires : 

Nicolas Bouzou, économiste, essayiste et éditorialiste

Guillaume Labbez, chef d’entreprise et enseignant

Anne Bourdu, avocate au barreau de Paris

Olivier Babeau, Président de l’Institut Sapiens

Anne de Montarlot, auteure

Aurelien Veron, Conseiller de ParisElisabeth Cadoche, auteure

Pierre Bentata, économiste, essayisteRaphael Enthoven, philosophe

Sylvie Ohayon, écrivain et cinéaste

Pierre-Henri Tavoillot, universitaire

Gabriel Gimenez Roche, enseignant-chercheur en économie

Bertrand Martinot, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy à l’Elysée

Jacques Delpla, professeur des universités

Alexis Karklins-Marchay, essayiste

Philippe Moreau-Chevrolet, entrepreneur et enseignant

Gilbert Cette, professeur d’économie

Mathieu Alterman, journaliste et auteur

Lucas Veran, maire-adjoint de Neuilly sur Seine

Benjamin Faucher, doctorant en sciences

Sébastien Chapotard, consultant

Christian Gollier, économiste

Maxime Sbaihi, éditorialiste