Ursula von der Leyen élue d’une courte tête présidente de la Commission européenne, et maintenant ?

 

 

Ursula von der Leyen élue d’une courte tête présidente de la Commission européenne, et maintenant ?

La ministre de la Défense allemande, Ursula von der Leyen, désignée par les chefs d’Etat et de gouvernement européens le 2 juillet pour succéder à Jean-Claude Juncker, a été élue hier soir présidente de la Commission européenne par le Parlement européen.

Il lui fallait obtenir un minimum de 374 voix. Elle en a compté 9 de plus, soit 383. C’est le score le plus faible obtenu à ce jour pour l’élection à la présidence de la Commission. « Mehrheit ist Mehrheit », « la majorité, c’est la majorité » réagissait néanmoins l’intéressée à l’issue du scrutin.

La victoire de Madame von der Leyen a donc été obtenue à l’arrachée, dans un climat de grande incertitude politique. Elle repose sur le soutien solide des groupes conservateur (Parti Populaire Européen) et libéral (Renew Europe). Elle a été permise in extremis par le vote favorable d’une partie du groupe socialiste (Parti Socialiste Européen), essentiellement de la part de députés espagnols.

La résistance du Parlement européen à la candidature d’Ursula von der Leyen tenait à l’abandon par les Chefs d’Etat et de gouvernement le 2 juillet du système des Spitzenkandidaten, qui garantissait au chef de file du parti politique européen arrivé en tête aux élections européennes ou à défaut du parti arrivé en seconde position d’être désigné à la présidence de la Commission.

Il revient maintenant à Ursula von der Leyen de retisser les liens distendus avec les socialistes et les verts afin de créer les conditions d’une large coalition d’idées permettant à son exécutif d’aborder les 5 ans de la mandature qui commencera le 1ernovembre prochain. Sans cette base large, il sera impossible à la nouvelle Commission de peser dans le débat européen par son agenda politique et ses propositions face aux Etats membres.

Le plus dur commence désormais pour la nouvelle présidente, qui devra composer dans les prochaines semaines un collège de commissaires européens sur la base des 27 candidats que présenteront les États membres. 27 candidats, ou peut-être 54, car Ursula von der Leyen pourrait proposer aux État membres de présenter un candidat de chaque sexe au poste de commissaire afin d’assurer in fine la parité du collège. Après avoir été départagés, ces candidats recevront un portefeuille et se verront auditionnés par le Parlement européen à compter de la fin août. Un vote final du Parlement interviendra finalement en octobre pour approuver cette nouvelle Commission.

Pour les entreprises et fédérations, il est important de suivre très attentivement les désignations des commissaires par les États membres et les responsabilités qui leur seront proposées par la nouvelle présidente. Le profil du candidat ou de la candidate qui héritera de portefeuilles comme la concurrence, le marché unique, le climat, l’énergie, l’environnement et le commerce international sera essentiel.

Il conviendra aussi d’étudier de près le programme de la nouvelle Commission, qui fera place à des propositions visant à ramener les députés socialistes et verts dans les majorités d’idées de la présidente von der Leyen. L’une d’entre elles, annoncée peu avant le vote d’hier soir, est celle d’un « Green New Deal » européen à mettre en place dans les 100 premiers jours de la nouvelle mandature et visant à faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone pour 2050.

image : CC-BY-4.0: © European Union 2019 – Source: EP